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« Superministre » de la CAQ | Pierre Fitzgibbon démissionne

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« Superministre » de la CAQ | Pierre Fitzgibbon démissionne

(Rimouski) Poids lourd du gouvernement caquiste, le « superministre » de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, démissionne au beau milieu de son mandat, à la veille de la rentrée de l’Assemblée nationale. Il voulait quitter la vie politique en décembre prochain, mais François Legault lui a demandé de ne pas attendre et de partir dès maintenant.



Le premier ministre n’annoncera pas un remaniement complet de son cupboard ce mercredi. Le retour en Chambre, la semaine prochaine, est si imminent qu’il serait bien hasardeux de changer l’équipe en profondeur. En coulisses, on évoque une opération plutôt modeste, un « ajustement ministériel » qui, en règle générale, implique de déplacer certains ministres et de ne pas recruter de nouveaux membres parmi le caucus. Un remaniement ministériel de plus grande ampleur pourrait toujours avoir lieu à la fin de l’année ou au début de 2025.

La démission de Pierre Fitzgibbon survient alors que les députés caquistes se réunissent en caucus ce mercredi et jeudi à Rimouski afin de préparer la session parlementaire. François Legault s’est fait avare de commentaires à son arrivée à l’hôtel de ville pour rencontrer le maire Man Caron, mardi. « On a un souper qui était prévu depuis longtemps avec tous les députés ce soir. Pierre Fitzgibbon va d’abord parler aux députés, et je vais vous rencontrer demain matin avec Pierre Fitzgibbon pour vous donner tous les détails », s’est-il contenté de dire.

À son arrivée à Rimouski, Pierre Fitzgibbon s’est refusé à tout commentaire sur son départ. « On se parle demain matin, je vais être là sans faute, et je vais répondre à toutes vos questions », a-t-il affirmé avant de tourner les talons.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Pierre Fitzgibbon et François Legault

Le départ de Pierre Fitzgibbon s’est réglé au cours des derniers jours. Lors d’un entretien la semaine dernière, il a annoncé à M. Legault qu’il voulait quitter toutes ses fonctions après la session parlementaire, en décembre. Le premier ministre, qui aurait évidemment souhaité que son ministre termine son mandat, considérait qu’un départ en décembre était tardif ; le sujet de l’avenir politique de son ministre risquait de devenir une supply de distraction pour son gouvernement cet automne. Les deux hommes se sont donné quelques jours de réflexion.

Lundi, M. Legault lui a demandé de ne pas attendre et de démissionner tout de suite, ce qu’a accepté M. Fitzgibbon.

Un cercle restreint de personnes était au courant de ce dénouement, qui a fait l’objet d’une fuite dans La Presse. M. Fitzgibbon a informé les membres du Conseil des ministres de sa démission mardi. Selon ce qui était prévu au départ, il devait annoncer sa démission à ses collègues députés à Rimouski, puis organiser une conférence de presse ce mercredi matin. Le démissionnaire a décliné notre demande d’entrevue.

Des députés surpris

À leur arrivée à Rimouski, les députés caquistes ont fui les journalistes pour la plupart. On ne s’attendait pas à un départ aussi rapide.

« Je suis shock, malgré tout ce qu’on entendait. On espérait que ce soit un peu plus loin, mais c’est sa décision, et moi, je respecte ça. Il a fait un travail extraordinaire », a affirmé la ministre déléguée à la Santé et responsable des Aînés, Sonia Bélanger.

« J’étais un peu surpris, a commenté son collègue de la Santé, Christian Dubé. C’est sûr que c’est quelqu’un qui a contribué énormément à notre gouvernement au cours des dernières années. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Christian Dubé, ministre de la Santé

La ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Martine Biron, n’a pas caché son malaise. Qu’un politicien démissionne avant la fin de son mandat, « ce n’est jamais plaisant », a-t-elle lâché à la toute fin d’une mêlée de presse. Elle relevait plus tôt que « c’est uncommon qu’on voie ça en politique, quelqu’un qui a un bagage comme celui [de Pierre Fitzgibbon], aussi fort, de haut niveau ». « Il n’avait pas peur de foncer », « il a fait ça à sa manière » et « il a profondément changé la façon de faire du développement économique au Québec », selon elle.

D’autres ont rendu brièvement hommage à M. Fitzgibbon, tout en reconnaissant l’significance de ce départ pour le parti.

« C’est un grand homme, Fitz. Ça me fait de la peine de perdre un grand homme », a laissé tomber le président du caucus caquiste, François Jacques.

« Son franc-parler, son ouverture et son accessibilité » étaient appréciés, a témoigné le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière.

« C’est une grande perte », a soutenu la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.

C’était un ministre de l’Économie extraordinaire. Et il a fait des choses extraordinaires. Peut-être que les gens, le Québec, vont le réaliser plus tard avec la filière batterie.

Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a souligné le « travail considérable » que Pierre Fitzbiggon a fait pour cette filière, mais aussi « avec Hydro-Québec [et] avec Investissement Québec ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Geneviève Guilbault, ministre des Transports et de la Mobilité sturdy

Le député de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Daniel Bernard, a décrit Pierre Fitzgibbon comme « un allié necessary », notamment « dans le file de la Fonderie Horne », dont les rejets de contaminants ont suscité la controverse. « J’ai hâte de voir qui va prendre la relève dans les dossiers qui m’intéressent », a-t-il ajouté.

« Il faut laisser la place à la relève »

Depuis des mois, Pierre Fitzgibbon refusait de s’engager à terminer son mandat. Il entretenait le flou sur le second de son départ de la vie politique. L’homme de 69 ans disait la semaine dernière qu’il préparait sa succession, automobile « on ne rajeunit pas » et « il faut laisser la place à la relève ».

François Legault était forcé régulièrement de répondre aux questions au sujet de l’avenir de son superministre. Son entourage en était agacé. Le sujet prenait de plus en plus de place dans l’espace public.

Pierre Fitzgibbon est un proche de François Legault. En plus d’être deux anciens hommes d’affaires indépendants de fortune, ce sont deux comptables qui ont étudié ensemble à HEC Montréal (promotion de 1978).

M. Legault l’avait pressenti pour être candidat en 2012, mais M. Fitzgibbon avait refusé et avait suggéré le nom d’un proche, Christian Dubé – maintenant ministre de la Santé.

« Fitz », comme on le surnomme, a fait le saut en politique en 2018, se présentant dans Terrebonne. Une élection partielle devra y être déclenchée d’ici six mois, au second où le Parti québécois est en tête dans les intentions de vote.

Le website de projections électorales Qc125 considère cette circonscription comme un achieve « possible » pour la formation de Paul St-Pierre Plamondon. Le nom de la députée bloquiste de Terrebonne, l’économiste Nathalie Sinclair-Desgagné, circule dans la région depuis un second comme candidate potentielle pour le Parti québécois.

Dès son arrivée au pouvoir, François Legault a nommé Pierre Fitzgibbon ministre de l’Économie. Ce dernier s’est décrit lui-même comme une « bibitte » en politique ; c’est un électron libre avec tout un franc-parler. Il a notamment réformé Investissement Québec, suscitant une controverse en y nommant son ami Man LeBlanc comme PDG.

Pierre Fitzgibbon a eu des accrochages avec la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale. Il avait dû démissionner en 2021 après un quatrième rapport embarrassant. Il avait retrouvé son poste au retour des vacances d’été ; le purgatoire avait duré trois mois.

Pour son deuxième mandat comme premier ministre, François Legault avait décidé de donner encore plus de pouvoirs à Pierre Fitzgibbon en lui confiant l’Économie et l’Énergie. Deux dossiers majeurs ont retenu l’consideration : le développement de la filière batterie – avec le pari Northvolt, un projet qui aura jusqu’à 18 mois de retard finalement – et le lancement d’un plan pour doubler la capacité de manufacturing d’Hydro-Québec.

Pierre Fitzgibbon quitte d’ailleurs ses fonctions alors que son projet de loi sur l’énergie doit faire l’objet d’une session publique en fee parlementaire à compter de la semaine prochaine.


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