Réélection de Maduro au Venezuela : colère de la rue et scepticisme international

Réélection de Maduro au Venezuela : colère de la rue et scepticisme international

Des manifestations spontanées rassemblant plusieurs milliers de personnes, ponctuées d’échauffourées avec les forces de l’ordre, ont éclaté lundi à Caracas après la réélection du président Nicolas Maduro. Les résultats suscitent le scepticisme de l’opposition, mais aussi de la communauté internationale, qui réclament une vérification du dépouillement.

Qu’il rende le pouvoir maintenant, ont lancé des milliers de manifestants dans plusieurs quartiers pauvres de Caracas, certains brûlant des affiches à l’effigie du président, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le peuple est énervé. C’est la fraude la plus large du monde, s’insurge Luis Garcia, 23 ans, dans la foule des protestataires à Pétaré, dans l’est de Caracas.

Pour la liberté de notre pays! Pour l’avenir de nos enfants, nous voulons la liberté, que Maduro s’en aille! crie Marina Sugey, 42 ans.

Les manifestants se dirigeaient vers le centre-ville quand les forces de l’ordre ont lancé des grenades lacrymogènes. Certains manifestants ont répondu par des jets de pierres.

D’autres affrontements se sont produits dans les quartiers populaires de Catya et d’El valle.

Les policiers ont lancé des gaz lacrymogènes à Caracas, le 29 juillet 2024.

Photograph : Getty Pictures / AFP/Yuri Cortez

M. Maduro a été officiellement proclamé président du Venezuela par le Conseil nationwide électoral (CNE). Les Vénézuéliens ont exprimé leur volonté absolue en élisant Nicolas Maduro […] pour la période 2025-2031, a déclaré son président, Elvis Amoroso.

Lors de son discours, évoquant les réactions de l’opposition et de la communauté internationale, M. Maduro a dénoncé une tentative d’imposer un coup d’État fasciste et contre-révolutionnaire au Venezuela.

La veille, M. Amoroso avait dénoncé une agression contre le système de transmission des données qui a retardé le décompte. Ces décomptes par bureaux de vote que réclame l’opposition ne sont pas encore disponibles. Lundi, le parquet a ouvert une enquête, évoquant l’implication de la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado dans ce piratage.

Notre fight proceed

Le Centre Carter, un des rares observateurs indépendants présents, a appelé le CNE à publier les résultats du scrutin de dimanche dans chaque bureau de vote.

Selon les résultats du CNE, M. Maduro, 61 ans, l’héritier de l’ancien président Hugo Chavez (1999-2013), a été réélu pour un troisième mandat d’affilée de six ans avec 5,15 hundreds of thousands de voix (51,2 %).

Le candidat de l’opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans, qui avait remplacé au pied levé Mme Machado, déclarée inéligible, en a recueilli un peu moins de 4,5 hundreds of thousands (44,2 %).

Le reportage de Jean-Michel Leprince.

L’opposition, qui espérait mettre fin à 25 années de pouvoir chaviste, a aussitôt rejeté ce résultat. Mme Machado, pour qui M. Gonzalez Urrutia a obtenu 70 % des suffrages, a dénoncé la violation grossière de la volonté populaire.

Notre fight proceed. Nous ne nous reposerons pas tant que la volonté du peuple vénézuélien ne sera pas reflétée, a lancé M. Gonzalez Urrutia, sans appeler à manifester pour le second.

Transparence réclamée

Si M. Maduro a reçu le soutien de la Russie et de la Chine ainsi que de ses autres alliés – Cuba, Nicaragua, Honduras et Bolivie –, les réactions négatives ou sceptiques ont afflué de la communauté internationale.

Neuf pays d’Amérique latine (Argentine, Costa Rica, Équateur, Guatemala, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Uruguay) ont ainsi appelé lundi dans une déclaration commune à un réexamen complet avec la présence d’observateurs électoraux indépendants.

Le gouvernement brésilien a réaffirmé le principe fondamental de la souveraineté populaire et demandé la vérification impartiale des résultats.

Des soldats et des policiers protègent le bâtiment du Conseil électoral nationwide (CNE) au lendemain de l’élection présidentielle.

Photograph : AP / Fernando Vergara

Par le passé, le président brésilien Lula avait longtemps défendu son homologue vénézuélien face aux critiques internationales. Mais Brasilia avait durci le ton à l’approche de la présidentielle.

Luis Gilberto Murillo, le ministre des Affaires étrangères de la Colombie, dirigée par le président de gauche Gustavo Petro, a demandé un décompte complete des voix, sa vérification et un audit indépendant, automobile il est vital de dissiper les doutes sur les résultats.

Les États-Unis ont affirmé sérieusement craindre que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien.

La France a quant à elle appelé les autorités vénézuéliennes à faire preuve de transparence totale en publiant l’intégralité des procès-verbaux et des résultats, ce que réclame aussi l’opposition.

Tout comme le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, qui a prôné sur X une transparence totale […] y compris le décompte détaillé des voix.

Caracas a réagi à cette levée de boucliers en retirant son personnel diplomatique de sept pays d’Amérique latine (Argentine, Chili, Costa Rica, Panama, Pérou, République dominicaine et Uruguay), estimant que leur place porte atteinte à la souveraineté nationale.

Ce n’est pas le résultat idéal pour Maduro, a estimé Rebecca Hanson, de l’Université de Floride. En matière d’acquisition d’une certaine légitimité internationale – ce qui était un objectif de M. Maduro –, cette élection a été un désastre.

Je suis un homme de paix et de dialogue

Dimanche soir, Nicolas Maduro a fêté sa victoire sur une scène musicale montée près du palais présidentiel.

Nicolas Maduro revendique la victoire.

Photograph : afp through getty pictures / JUAN BARRETO

Il y aura la paix, la stabilité et la justice. La paix et le respect de la loi. Je suis un homme de paix et de dialogue, a-t-il dit, alors que la campagne et le scrutin se sont déroulés dans une ambiance tendue, l’opposition dénonçant de nombreuses intimidations et arrestations.

Caracas avait limité la possibilité d’observer le déroulement du scrutin.

Le Venezuela, longtemps un des plus riches pays d’Amérique latine, est exsangue : effondrement de la manufacturing pétrolière, PIB réduit de 80 % en dix ans, pauvreté, systèmes de santé et éducatif totalement délabrés. Sept hundreds of thousands de Vénézuéliens ont fui leur pays.

Le pouvoir accuse le blocus criminel d’être à l’origine de tous les maux.

Les États-Unis avaient durci leurs sanctions pour tenter d’évincer M. Maduro après sa réélection déjà contestée de 2018, un scrutin entaché de fraudes selon l’opposition, qui avait débouché sur des manifestations sévèrement réprimées.