La Québécoise venait de rater sa troisième et dernière tentative à l’épaulé-jeté. Une cost de 132 kg qui l’aurait menée vers un document panaméricain. Elle a réussi l’épaulé, mais a chuté vers l’arrière au second de soulever la barre au-dessus de sa tête.

Charron occupait provisoirement le 2e rang après l’arraché, où elle avait soulevé 106 kg. Elle montrait un whole de 236 kg, et son type était entre les mains de deux opposantes.

Yenny Alvarez, qui avait vaincu Charron aux Jeux panaméricains de Santiago en 2023, a eu l’event de devancer la Canadienne. Comme cela a été le cas à ses deux premières tentatives, la Colombienne n’a pas été en mesure de compléter son mouvement à 132 kg.

Ne restait plus que Kuo Hsing-chun, championne olympique de cette catégorie à Tokyo. Elle s’est présentée à la plateforme avec l’ambition de lever 137 kg, soit 7 kg de plus qu’à son essai précédent.

Son échec lui a tout de même conféré la médaille de bronze en raison d’un whole de 235 kg. Il a surtout ouvert la voie à Maude Charron jusqu’à la deuxième marche du podium par un mince avantage d’un kilogramme.

Tout ce que je voulais, c’était faire du mieux que je pouvais aujourd’hui, a dit la porte-drapeau canadienne à la cérémonie d’ouverture, les yeux humides et avec sa médaille d’argent autour du cou. Si ça venait avec une médaille, tant mieux! Je savais que j’avais des possibilities, mais honnêtement, tout ce que je voulais, c’était réussir mes essais et avoir du plaisir. Maintenant, tout ce que je veux, c’est célébrer avec ma famille et en profiter!

La Chinoise Luo Shifang l’a emporté grâce à un whole de 241 kg. En tête après l’arraché, la championne du monde était déjà assurée du titre après son deuxième essai à l’épaulé-jeté, qui était de 134 kg.

C’était merveilleux! Juste d’entendre la foule, de voir ma famille et le drapeau canadien. C’est tellement différent de mon expérience à Tokyo et ça représente tellement plus pour moi, peu importe la couleur de la médaille! C’est plus vital de voir que ma famille est ici, je suis soulagée et très contente.

Une catégorie relevée

La finale des 59 kg s’annonçait comme l’un des concours les plus serrés de l’histoire en haltérophilie.

Maude Charron a été couronnée championne des 64 kg à Tokyo, mais cette catégorie a été retirée du programme olympique l’année suivante. Elle a gagné l’or aux Jeux du Commonwealth, en 2022, puis a fait la transition vers les 59 kg.

En plus de Kuo Hsing-chun qui tentait de défendre sa couronne, l’émergence de Luo Shifang et la présence de l’Ukrainienne Kamila Konotop laissaient présager un embouteillage sur le podium.

Luo, 23 ans, a établi un document du monde en avril, à la Coupe du monde de Phuket, en Thaïlande. Kamila Konotop a quant à elle décroché la médaille d’argent aux derniers Championnats du monde.

Le spectacle attendu a bel et bien eu lieu à l’Aréna Paris Sud 6. Pour preuve, pas moins de cinq haltérophiles ont surpassé l’ancienne marque olympique des 59 kg à l’arraché, qui était de 103 kg.

Konotop a eu quelques ennuis en début de compétition. L’Ukrainienne s’est blessée à l’arraché et a laissé retomber la barre. Elle a été incapable de faire ses deux derniers levers à l’épaulé-jeté.

De son côté, Charron n’a pas eu de difficulté à soulever 106 kg à son troisième passage sur la plateforme. Elle a du même coup égalé son document personnel. Si elle prévoyait tenter sa probability à 107 kg au départ, son entraîneur a jugé qu’il était plus sûr de se limiter à 106 kg.

Luo a été la dernière athlète à concourir. Non sans peine, elle est parvenue à lever 107 kg pour prendre les devants. La barre est passée bien près de lui filer des mains et de tomber derrière elle, mais la Chinoise l’a stabilisée avec succès.

Ses 107 kg à l’arraché, ses 134 kg à l’épaulé-jeté et son whole de 241 kg représentent trois data olympiques chez les 59 kg.

Plusieurs défis avant Paris

Cette médaille d’argent, Maude Charron ne l’a pas volée. Après son triomphe aux Jeux olympiques de Tokyo, elle a hésité à se lancer dans un nouveau cycle olympique.

Les trois dernières années ont finalement été ponctuées d’un changement de catégorie et d’un nouveau processus de qualification olympique.

Le cycle a aussi été compliqué par une blessure à un genou. L’athlète de Sainte-Luce s’est tenue à l’écart de la compétition pendant plusieurs mois. Elle a notamment tiré un trait sur les derniers Championnats du monde pour récupérer.

Charron a effectué son retour un mois plus tard aux Jeux panaméricains de Santiago et a été récompensée d’une médaille d’argent. Une efficiency de bon augure pour celle qui s’était limitée afin de protéger son genou. Sans shock, sa plus grande fierté découle de sa persévérance face aux nombreux défis auxquels elle a dû faire face. Elle sera maintenant bien entourée pour fêter son succès.

Je venais à Paris pour vivre une expérience olympique comme j’en rêvais, avec ma famille dans la foule. Je voulais faire la cérémonie d’ouverture et j’ai été nommée porte-drapeau. J’ai entendu dire que ça portait malchance, je peux confirmer que non!

Elle a d’ailleurs croisé des membres de sa famille après la cérémonie des médailles, juste avant de rencontrer les médias en zone mixte.

On n’a pas dit grand-chose, on a juste pleuré!, a confié la médaillée d’argent en riant. Pas beaucoup de mots, beaucoup de larmes de joie, a-t-elle conclu.