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La nouvelle ministre Rachel Bendayan refuse de dire si le français est menacé au Québec
Tout de suite après avoir été nommée vendredi au poste de ministre des Langues officielles, la Montréalaise Rachel Bendayan a refusé de préciser si elle croit le français menacé au Québec, et a plutôt signalé un abandon du virage libéral visant à promouvoir le français aussi dans la province francophone.
« Mon rôle […] est de [m]’assurer que nous maintenons le bilinguisme, de [m]’assurer que la minorité anglophone au Québec soit protégée et que la minorité francophone hors Québec soit protégée », a lâché Rachel Bendayan quelques minutes après avoir été assermentée.
Devant les journalistes réunis par un froid glacial en face de Rideau Corridor, elle a refusé par deux fois de répondre à la query lui demandant si, oui ou non, elle croit le français menacé au Québec. Elle a plutôt vanté la « dualité linguistique » du pays et a mis en avant son identité, elle qui est née d’un père francophone et d’une mère anglophone. Questionnée plus tard, elle a répondu que « c’est vrai que le français est en déclin au Québec », tout en répétant que son engagement se situe auprès des anglophones du Québec.
Avant les dernières élections générales, le Parti libéral du Canada avait pourtant annoncé un changement de cap vital dans son approche en matière de langues officielles. Au lieu de mettre sur un pied d’égalité les minorités francophones hors Québec et anglophone du Québec, la plateforme libérale promettait de viser « l’égalité réelle du français et de l’anglais » afin de favoriser l’utilization du français au Québec.
Alors aux Langues officielles, la ministre Mélanie Joly a même présenté un doc de réforme en 2021 qui reconnaissait que le français est menacé, même au Québec. Mme Joly a conservé son poste de ministre des Affaires étrangères du Canada vendredi, comme 25 autres ministres formant l’essentiel du cercle rapproché de Justin Trudeau. En 2023, celle qui avait récupéré le portefeuille des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a conclu une entente avec Québec pour forcer l’utilization du français dans les entreprises privées de compétence fédérale.
Le fond du baril, dit le NPD
« Quand tu es rendu à nommer Rachel Bendayan aux Langues officielles, tu as atteint le fond du baril. Quand est-ce qu’elle a montré un quelconque intérêt au fait français ou aux francophones hors Québec ? C’est du n’importe quoi », a clamé vendredi le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD), Alexandre Boulerice.
« Je pense que c’est très mauvais signe, c’est inacceptable. Elle vient contredire tout ce qu’ont dit ses prédécesseurs, qui reconnaissaient le déclin du français et que le fédéral avait une responsabilité pour le freiner. Elle semble tasser ça de la major. […] C’est choquant pour le Québec », a aussi indiqué le député du Bloc québécois Mario Beaulieu, sollicité par Le Devoir.
Contrairement à son habitude, le premier ministre Justin Trudeau n’a pas souhaité expliquer les choix qu’il a effectués pour former sa nouvelle équipe. Au beau milieu d’une crise politique qui secoue son management depuis la démission de sa ministre des Funds Chrystia Freeland, lundi, il a toutefois mentionné la query du français lors d’une uncommon prise de parole.
« Nous nous tenons debout pour les droits des minorités linguistiques, et ça veut dire les francophones à l’extérieur du Québec et les anglophones au Québec », a-t-il déclaré en passant d’une langue à l’autre, dans un discours livré avec le sourire devant son caucus et les employés libéraux réunis mardi pour leur fête de Noël.
Pas la première
Rachel Bendayan, 44 ans, a passé l’automne à donner la réplique aux conservateurs en Chambre puisqu’elle était la secrétaire parlementaire de la ministre des Funds Chrystia Freeland. La Montréalaise a été élue pour la première fois en 2019, lors d’une partielle dans la circonscription d’Outremont, alors vacante en raison de la démission de l’ancien chef du NPD Thomas Mulcair.
« Rappelons-nous que cette fédération est justement fondée sur le partenariat entre deux peuples, entre le Haut-Canada et le Bas-Canada de l’époque, entre le Canada anglophone et le Canada francophone. Notre histoire fait qu’il nous incombe de sauvegarder et protéger cet équilibre fragile », a-t-elle déclaré lors d’un discours au Parlement en 2022.
Avant la politique, Mme Bendayan était avocate en litige et en arbitrage worldwide au sein du cupboard Norton Rose Fulbright. Elle a été victime d’un accident en début d’année, une chute dans les escaliers extérieurs de sa maison, qui lui a causé une sévère commotion cérébrale, a-t-elle confié au Journal de Montréal lors de son retour au Parlement en juin.
Sa collègue libérale Anna Gainey avait elle aussi refusé de préciser devant la presse parlementaire d’Ottawa si elle croyait le français menacé au Québec. C’était en 2023, peu après son élection lors d’une partielle dans Notre-Dame-de-Grâce–Westmount, à Montréal.
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