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Julien Poulin, au-delà d’Elvis Gratton
Elvis Gratton, bénédiction ou malédiction pour un acteur de la trempe de Julien Poulin, que le Québec pleure aujourd’hui ? Certainement les deux, automotive malgré une impressionnante carrière – il a joué dans des dizaines de movies et de séries télé –, c’est évidemment ce personnage culte qui l’aura marqué au fer rouge.
Lui, comme l’imaginaire collectif québécois.
Un rôle que Julien Poulin n’a jamais renié, puisqu’il a accepté de le jouer plusieurs fois, mais qu’il a dû traîner comme un boulet souvent, admettait-il.
N’oublions pas qu’Elvis Gratton, alias Bob Gratton, est un peu le Frankenstein de Julien Poulin et du cinéaste Pierre Falardeau, qui travaillaient à deux têtes et à quatre mains à leurs débuts, ce qui a donné notamment le documentaire Pea Soup ou le pamphlet Converse White. Dans le court docket métrage Converse White en 1980, la lecture du célèbre poème de Michèle Lalonde était faite par Marie Eykel, que toute la province connaissait comme Passe-Partout, et qui a été la conjointe de Julien Poulin pendant plus de 20 ans.
Poulin, comme Falardeau, était alors au scénario, au son et à la réalisation de ce cinéma de fight qu’ils faisaient avec les moyens du bord, dans la fougue de leur jeunesse. Mais c’est quand même lui qui a dû porter le poids de l’incarnation d’Elvis Gratton. Ce monstre increvable qui poursuit sa vie sur les réseaux sociaux à coup de répliques gravées dans les mémoires.
La créature Gratton était une réponse au référendum de 1980, vécu comme un échec lamentable par ces deux souverainistes farouches et militants, qui cristallisait tout ce qu’ils souhaitaient voir disparaître : la mentalité de colonisé, l’aliénation capitaliste, l’obsession de la tradition américaine, entre autres. La première fois que j’ai vu Elvis Gratton : Le King des kings, à l’adolescence, j’ai haï ça. Je ne trouvais pas drôle du tout de reconnaître des gens de mon milieu dans cette picture grinçante. J’ai reçu ce film-là au premier degré, mais ça m’a réveillée sur certains trucs.
Par une étrange ironie de l’histoire, la créature a échappé à Poulin et Falardeau, quand Elvis Gratton est devenu le personnage le plus emblématique du Québec, qui en redemandait. Et je crois que c’est en grande partie à trigger de Julien Poulin. Comme si, derrière ce personnage qui aurait dû être détesté, on devinait malgré tout la vulnérabilité de son interprète si généreux, qu’on ne pouvait s’empêcher d’aimer un peu. Julien Poulin se donne tellement dans ce rôle qui aurait pu tuer sa carrière ! On ne connaît pas beaucoup d’acteurs qui auraient accepté d’interpréter un tel abruti avec un tel abandon, au risque de ternir leur picture à jamais.
C’était tellement marquant que pendant quelques années, j’avais de la misère à voir autre selected que Gratton en Julien Poulin. Jusqu’au movie Le Occasion (1990), encore avec Falardeau. Julien Poulin en détenu désespéré jusqu’au suicide ne pouvait être plus à l’opposé du burlesque de son Elvis, et c’est là qu’on pouvait voir l’étendue de son registre. Le tragique était, paraît-il, plus près de la nature de cet homme hypersensible, pétri de doutes, humble et timide, qu’on n’a pas souvent vu dans les talk-shows, d’ailleurs. « C’était quelqu’un qui était très drôle et, en même temps, comme c’est souvent le cas chez les clowns, quelqu’un qui n’avait pas le bonheur facile », a confié Marie Eykel en entrevue à RDI.
Remark oublier le rôle de Gaétan dans la série Minuit, le soir, qui lui a valu un Gémeaux en 2007, ou celui de Germain dans le movie Camion, pour lequel il a remporté un prix Jutra en 2013 ? Ou récemment du Père Laloge dans Les pays d’en haut, de même qu’Yvon dans Léo ?
Malgré l’ombre d’Elvis Gratton, Julien Poulin a fait sa place dans ce métier, où il avait l’estime de tout le monde, pas seulement pour son expertise, mais aussi pour ses qualités humaines.
Dans ses entrevues, on le sentait à fleur de peau, particulièrement dans celle qu’il a accordée à la plateforme Éléphant, où il parle de son grand ami Falardeau, de qui il s’était éloigné avant sa mort en 2009.
Regardez l’entrevue de Julien Poulin sur la plateforme Éléphant
On comprend dans cet entretien que l’intransigeance de Falardeau a probablement abîmé leur amitié. « Ses contradictions », souligne Poulin, en refoulant ses larmes. J’ai l’impression que dans ce duo, Falardeau était l’intellectuel, et Poulin, l’artiste. Il avait aussi les yeux humides quand il évoquait ce rêve inachevé d’un pays pour le Québec, qu’il n’a pas pu voir de son vivant, comme son ami. J’espère que, quelque half, ces deux-là se retrouvent et se réconfortent.
Le King n’est plus, vive Julien Poulin.
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