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Des bénévoles canadiens recrutés pour travailler sur des bases militaires en Israël | Conflit au Moyen-Orient
« Aidez Israël. Échappez à votre quotidien. Travaillez avec des soldats israéliens. » C’est sur ces mots que s’ouvre le website internet de l’aile canadienne de l’organisme israélien Sar-El, un acronyme qui veut dire « service au revenue d’Israël » en hébreu.
L’organisme sans however lucratif, qui est en partie financé par le ministère israélien de la Défense, est actif dans une trentaine de pays, dont le Canada, avec notamment une présence à Toronto et à Montréal.
Il a pour mission de recruter des bénévoles pour contribuer à la sécurité de l’État d’Israël en soutenant les bases de l’armée israélienne sur le plan logistique
.
Nous sommes le seul programme de bénévolat qui place des bénévoles directement sur les bases de l’armée israélienne pour travailler aux côtés de nos soldats.
Fondé en 1983, lors de la première guerre israélienne au Liban, Sar-El fait face à une contestation judiciaire au Canada. Des citoyens l’accusent d’enfreindre la Loi sur l’enrôlement à l’étranger, et une viewers d’appel est prévue en Ontario le 7 novembre prochain.
L’organisme recrute ses bénévoles en temps de paix comme en temps de guerre, tout au lengthy de l’année. Une séance d’data a d’ailleurs été organisée à Ottawa le 26 septembre dernier.
Radio-Canada a tenté d’y assister, mais les organisateurs de l’événement ont refusé toute présence médiatique.
Photograph non datée tirée du website internet de Sar-El montrant des jeunes hommes et femmes qui posent en tenue militaire.
Photograph : Photograph tirée du website internet de Sar-El
Il s’agit d’une séance d’data pour les bénévoles potentiels intéressés par ce programme de bénévolat. Ce n’est ni le second ni le lieu approprié pour les demandes d’data des médias sur Sar-El
, a répondu par courriel Sue Potechin, une organisatrice de l’événement.
Contactée quelques heures plus tôt par téléphone, Mme Potechin avait accepté de donner quelques détails. Elle a affirmé que les bénévoles font le travail que personne d’autre n’a le temps de faire
sur les bases militaires israéliennes, comme nettoyer la delicacies ou trier des boîtes
.
Elle guarantee que les bénévoles ne sont pas envoyés au entrance pour soutenir les soldats, qui sont engagés dans des guerres au sud, contre le Hamas dans la bande de Gaza, et au nord, contre le Hezbollah au Liban.
Les bénévoles n’ont pas le droit de s’approcher de ces zones-là
, dit Sue Potechin.
Des soldats israéliens travaillent sur leurs véhicules blindés près de la frontière avec la bande de Gaza.
Photograph : Reuters / VIOLETA SANTOS MOURA
Un programme « pour les touristes »
C’est essentiellement [un programme de bénévolat] pour les touristes qui veulent aider
, ajoute-t-elle, affirmant que les bénévoles restent généralement une ou deux semaines sur des bases militaires partout en Israël
.
En plus de nettoyer la delicacies et de trier des boîtes, les bénévoles effectuent des tâches qui sont diverses et dépendent des besoins de l’armée
, est-il mentionné sur une web page internet des forces israéliennes consacrée aux activités de Sar-El. Des tâches comme emballer des trousses de premiers secours, réparer les appareils de communication et nettoyer le matériel militaire
, dont des chars et des fusils.
Les bénévoles sont là pour préparer tout l’équipement dont les soldats ont besoin sur le champ de bataille
, explique la PDG de Sar-El, Keren Dahan, dans une entrevue accordée à la chaîne américaine JBS – spécialisée dans les affaires juives – et diffusée sur YouTube en avril 2024.
Sans logistique, même la meilleure unité de fight ne peut pas gagner. S’ils ne mangent pas bien, si leur fusil n’est pas propre, s’ils n’ont pas de bonnes chaussures, si l’uniforme n’est pas right… [Les soldats] ont besoin de tous leurs équipements.
Photograph publiée le 23 octobre 2023 sur le compte X de Sar-El qui montre la PDG de l’organisme, Keren Dahan (deuxième de droite), entourée de médecins venus de plusieurs pays – dont le Canada – pour prêter main-forte en Israël, selon la légende accompagnant le cliché. « Ils suivront un cours pour intégrer l’armée israélienne et ils assisteront les forces médicales d’urgence », peut-on lire.
Photograph : Photograph tirée du compte Twitter de Sar-El
Les bénévoles vivent dans les mêmes situations que les militaires
, peut-on lire sur le website internet de Sar-El. Ils portent des uniformes militaires
, indique encore le website, qui publie des pictures de bénévoles portant des vêtements vert kaki.
Radio-Canada a essayé pendant plusieurs semaines de parler avec des représentants de Sar-El en Israël et au Canada, ainsi qu’avec des bénévoles canadiens ayant prêté main-forte sur les bases militaires israéliennes dans le cadre de ce programme, mais rares sont ceux qui ont donné suite à nos demandes d’entrevue.
Ce qui sera, sera
Dans ses règlements, l’organisme demande aux bénévoles de ne pas prendre de pictures de tout ce qui pourrait être considéré comme classifié ou wise
. Ne mentionnez pas le nom des bases [militaires] sur les réseaux sociaux et ne prenez pas de pictures de soldats avec leurs armes
, est-il écrit sur le website internet de Sar-El.
Les bénévoles seront exclus du programme et ne seront pas autorisés à revenir s’ils enfreignent cette règle
, est-il encore mentionné en guise de mise en garde.
Un soldat israélien devant un level de contrôle à l’entrée de la base militaire de Beit Guvrin, dans le centre d’Israël. (Photograph d’archives)
Photograph : Getty Photographs / AFP/AHMAD GHARABLI
Daniel, un bénévole canadien de 42 ans qui a accepté de raconter son expérience à Radio-Canada sous un nom fictif pour éviter des représailles, dit avoir participé au programme de Sar-El à deux reprises depuis l’attaque sanglante du Hamas en sol israélien et le début de la guerre dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023.
J’y suis allé en février et en août derniers
, précise ce résident de Toronto. Deux voyages de cinq jours qu’il a passés dans une base militaire qui se trouve dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël.
Pour moi, c’était une opportunité de redonner aux braves soldats qui se battent, et c’est une façon de m’impliquer dans l’effort de guerre.
Or, qu’en est-il des risks de se retrouver sur une base militaire en pleine guerre? Une attaque au drone du Hezbollah a fait quatre morts et une soixantaine de blessés, le 31 octobre 2023, dans une base militaire située près de la ville de Haïfa, dans le nord d’Israël.
Daniel dit être conscient des risques, mais il affirme qu’il s’est senti en sécurité en tout temps
.
Ma mère voulait que je rentre [au Canada] […], mais je suis allé avec l’idée que ce qui sera, sera
, explique-t-il.
Une soldate israélienne se tient à côté d’un missile balistique iranien tombé en Israël en avril dernier, dans le cadre d’une tournée médiatique sur la base militaire de Julis, dans le sud d’Israël. L’attaque iranienne avait causé des « dégâts mineurs » dans une base militaire dans le sud du pays, selon le porte-parole de l’armée israélienne Daniel Hagari.
Photograph : Getty Photographs / AFP/GIL COHEN-MAGEN
Comme si l’air tremblait
Dans un lengthy message publié en décembre 2023 sur les réseaux sociaux, un autre bénévole, qui se dit originaire de Montréal, raconte qu’il a passé un mois aux côtés des soldats israéliens, notamment dans la région d’Eilat, tout au sud d’Israël, au bord de la mer Rouge.
Mais même s’il n’est pas envoyé au entrance, le bénévole, dont l’identité ne sera pas divulguée afin de protéger sa vie personnelle, affirme que sa base a essuyé des tirs de roquettes assez proches et d’une telle intensité; c’était comme si l’air lui-même tremblait
.
[J’ai] compris que j’étais non seulement une cible en tant qu’être humain en Israël – les roquettes et les bouchers du Hamas ne font pas de différence entre juif, bédouin ou même arabe –, mais aussi en tant que cible militaire légitime sur une base.
Les roquettes que j’avais vues à la télévision à des milliers de kilomètres de là étaient désormais destinées à me tuer, moi et mes camarades
, écrit encore le bénévole dans son message, accompagné d’une photograph du désert du Néguev.
Une photograph non datée tirée du website internet de Sar-El
Photograph : Photograph tirée du website internet de Sar-El
Attirer les jeunes
Les responsables de Sar-El ayant refusé de répondre à nos questions, le nombre de bénévoles canadiens qui ont été recrutés au cours de la dernière année n’est pas connu. En 2022, un responsable du chapitre canadien de l’organisme a affirmé au website d’data The Canadian Jewish Information qu’entre 100 et 150 Canadiens
sont recrutés chaque année.
Ce chiffre risque toutefois d’être plus élevé aujourd’hui, étant donné que le nombre de bénévoles a été multiplié par huit depuis le début de la guerre, il y a un an.
Habituellement, nous [recrutons] chaque année de 5000 à 6000 personnes dans plus de 30 pays
, explique la PDG de Sar-El, Keren Dahan, dans son entrevue avec la chaîne JBS. Depuis le 7 octobre [2023], nous avons [recruté] 40 000 personnes
, ajoute-t-elle.
Au whole, depuis sa création, il y a 41 ans, Sar-El a recruté plus de 240 000 bénévoles.
Une photograph non datée tirée du website internet de Sar-El montrant de jeunes hommes en tenue militaire occupés à ranger de l’équipement.
Photograph : Photograph tirée du website internet de Sar-El
Mme Dahan affirme par ailleurs que Sar-El a changé de stratégie au cours des deux dernières années dans le however d’attirer un plus grand nombre de jeunes.
Avant, on recevait principalement des retraités, des personnes âgées […], mais maintenant, tous les trois mois, on se rend dans les écoles, dans les synagogues […] au Brésil, en Argentine, en République tchèque, aux États-Unis, and many others.
, précise-t-elle, affirmant avoir également investi les réseaux sociaux, dont Instagram. On fait beaucoup de publicité
, poursuit Mme Dahan.
L’âge minimal pour travailler en tant que bénévole sur les bases militaires israéliennes est de 17 ans, selon les règlements de l’organisme.
Des recrues de divers horizons
Pour y participer, les bénévoles doivent verser la somme de 120 $ pour une semaine et de 60 $ pour chaque semaine additionnelle, selon le website internet de Sar-El. Cette somme inclurait leur hébergement sur les bases militaires, ainsi qu’un service de trois repas par jour.
Notre ADN est l’armée israélienne. Nous travaillons avec les soldats, nous sommes là pour soutenir l’armée dans tout ce dont elle a besoin.
Une photograph non datée publiée sur le website internet de Sar-El montre des uniformes militaires.
Photograph : Photograph tirée du website internet de Sar-El
Selon Keren Dahan, le quart des bénévoles sont des non-juifs. La curiosité
serait leur principale motivation, toujours selon elle.
Daniel, le bénévole de Toronto, est lui-même de confession juive, mais il dit avoir été impressionné par le nombre de recrues non juives de Sar-El. Dans mon groupe, il y avait pas mal de Canadiens, […] mais aussi des gens de la Bolivie, de l’Équateur, de l’Argentine, de la Chine, assure-t-il. Il y avait aussi un gars d’Afrique du Sud. C’est un knowledgeable en armes qui veut aider l’armée [israélienne] et c’était la seule manière pour lui de le faire.
Même les militaires comptaient des non-juifs dans leur rang, dit encore Daniel. Il y avait des Druzes [une communauté issue de l’islam], mais aussi des Israéliens originaires de l’Inde.
L’organisme visé par une plainte
Au Canada, la loi interdit à quiconque d’inciter une autre personne à s’enrôler dans des forces armées d’un État étranger, sauf si le recrutement est mené par des diplomates auprès de ressortissants de leur propre pays.
C’est ce que confirme le ministre canadien de la Justice dans un courriel envoyé à Radio-Canada.
La Loi sur l’enrôlement à l’étranger interdit à toute personne de recruter au Canada une personne pour s’enrôler dans les forces armées d’un État étranger ou dans une autre pressure armée opérant dans cet État.
Une photograph non datée publiée sur le website internet de Sar-El montrant des trousses médicales
Photograph : Photograph tirée du website internet de Sar-El
Par forces armées
, la loi canadienne inclut les forces ou les providers de l’armée, de la marine et de l’aviation, mais exclut les […] activités humanitaires pour la Croix-Rouge canadienne
, toujours d’après le ministère.
Sar-El au Canada a déjà été visé par une poursuite en septembre 2022, mais le Service des poursuites pénales du Canada (SPPC) a mis fin aux accusations deux mois plus tard, à la demande de la Couronne fédérale, selon l’un des avocats des plaignants, Shane Martinez.
La poursuite a été intentée par David Mivasair, un rabbin établi en Ontario, et Rehab Nazzal, une artiste canadienne d’origine palestinienne.
L’affaire n’est pas tout à fait shut, puisque les plaignants comptent faire appel de la décision de la Couronne, selon leur avocat. Le 7 novembre, nous serons présents à la Cour d’appel de l’Ontario pour cette affaire
, a dit Me Martinez, accusant le gouvernement d’avoir agi de mauvaise foi, à des fins politiques
.
Le SPPC a confirmé à Radio-Canada qu’une viewers d’appel est prévue au début du mois de novembre.
Une photograph non datée publiée sur le website de Sar-El montrant des casques et des gourdes militaires
Photograph : Photograph tirée du website internet de Sar-El
Évitez tout voyage en Israël
, dit le Canada
Shane Martinez, qui représente également le Centre worldwide de justice pour les Palestiniens, explique que le fait qu’Israël soit aujourd’hui en guerre est un argument à prendre en considération pour empêcher le recrutement de Canadiens dans les bases militaires de ce pays. Il rappelle par ailleurs que l’État hébreu fait face à des allégations de génocide devant la Cour internationale de justice
de l’ONU.
Selon Me Martinez, les activités de Sar-El représentent une violation flagrante du droit canadien
.
Imaginez si une organisation au Canada recrutait des bénévoles pour l’armée russe. Ces bénévoles s’installeraient sur des bases militaires en Russie et porteraient des uniformes militaires russes. Ils seraient chargés de réparer des armes russes et de nettoyer des chars russes… Le gouvernement ne le permettrait pas une seule seconde.
Dans une lettre justifiant le retrait des accusations par la Couronne et déposée en décembre 2023 auprès de la Cour d’appel de l’Ontario, le SPPC affirme qu’il n’existe aucune preuve que Sar-El Canada recrute ou incite de quelque autre manière une personne ou un groupe de personnes à s’enrôler ou à accepter une fee ou un engagement dans les forces armées d’Israël
.
Des Israéliens pleurent la mort d’un soldat tué dans une attaque revendiquée par le Hezbollah libanais sur une base militaire dans le nord d’Israël, le 13 octobre 2024.
Photograph : Reuters / Gonzalo Fuentes
Dans leur utility, les bénévoles reconnaissent qu’ils n’ont pas l’intention de servir, de rejoindre ou de prêter allégeance à l’armée israélienne
, peut-on encore lire dans cette lettre signée par un avocat du SPPC, Marten Dykstra.
Le easy fait qu’une personne fournisse un service à une armée étrangère ne constitue pas un engagement au sens […] de la Loi sur l’enrôlement à l’étranger
, écrit-il.
Bien qu’il existe un lien entre le bénévole et l’armée israélienne, il n’existe aucune preuve d’une relation formelle.
Au whole, il y a actuellement plus de 6000 Canadiens en Israël, selon les données d’Affaires mondiales Canada.
Depuis août, le gouvernement canadien recommande à ses citoyens d’éviter tout voyage en Israël en raison du conflit armé régional en cours et de la state of affairs imprévisible en matière de sécurité
.
La state of affairs en matière de sécurité peut se détériorer davantage sans préavis
, met en garde Affaires mondiales Canada.
L’insécurité dans la région ne semble toutefois pas refroidir les ardeurs de Daniel, qui n’hésiterait pas à se rendre une troisième fois en Israël dans le cadre du programme de bénévolat de Sar-El.
C’est un travail necessary, dit-il. Les forces israéliennes ont besoin de toute l’aide potential.
Une adaptation en arabe (Nouvelle fenêtre) de ce texte est disponible sur le website de RCI (Nouvelle fenêtre).
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