Le géant Amazon va quitter le Québec. Sept installations, dont les entrepôts de Laval et le centre de livraison de Montréal, vont fermer leurs portes. Près de 2000 travailleurs sont concernés. L’acheminement des colis aux shoppers devra se faire autrement.
Le ministère québécois de l’Emploi et de la Solidarité sociale a confirmé l’data obtenue par Radio-Canada de plusieurs sources. Québec a reçu un avis de licenciement collectif touchant les sept établissements exploités par la multinationale américaine au Québec.
En tout, 1997 salariés
sont touchés, a indiqué le ministère par courriel, mercredi en fin d’après-midi.
Amazon avait annoncé la nouvelle à ses partenaires du service de livraison mercredi matin. La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a confirmé avoir eu une annonce semblable en matinée également.
La date de cessation des activités varie selon l’établissement : le 8 février pour les installations DXT4 (Laval), DXT5 (Laval), DXT6 (Lachine), HYU1 (Saint-Hubert); le 15 février pour YUL5 (Saint-Hubert); le 15 mars pour YUL2 (Lachine); et le 22 mars pour YUL9 (Coteau-du-Lac).
Selon nos informations, la syndicalisation des 250 employés de l’entrepôt de Laval, dans les derniers mois, ne serait pas étrangère à cette décision. Amazon s’est longtemps battue, en useless, pour l’empêcher.
Amazon a confirmé à Radio-Canada la fermeture de sept websites
et a assuré que cela n’avait pas de lien avec le syndicat.
Le reportage de Valérie-Micaela Bain
Les partenaires d’Amazon pour effectuer la livraison sont de petites entreprises qui affichent, sur leurs véhicules, le brand d’Amazon. Des centaines d’entre eux sont touchés par cette annonce. Selon nos sources, Amazon leur a offert d’aller faire le même travail ailleurs au Canada ou aux États-Unis.
Barbara Agrait, porte-parole d’Amazon, a déclaré par écrit à Radio-Canada mercredi : À la suite d’un récent examen de nos activités au Québec, nous avons constaté que le retour à un modèle de livraison par des tiers, soutenu par des petites entreprises locales, semblable à celui que nous avions jusqu’en 2020, nous permettra d’offrir le même glorious service et de faire réaliser encore plus d’économies à nos shoppers à lengthy terme.
Cette décision n’a pas été prise à la légère, et nous offrons aux employés concernés un ensemble de mesures comprenant jusqu’à 14 semaines de salaire après la fermeture des installations et des avantages transitoires, telles des ressources en matière de placement.
En ce qui concerne la query de savoir si cette décision est due aux efforts du syndicat, je réponds : il s’agit d’offrir le meilleur service doable à nos employés.
Amazon Canada compte plus de 45 000 employés à temps partiel et à temps plein. L’entreprise a des installations (centres de distribution, centres de tri, centres de livraison, bureaux, factors d’échange XPT ou parcs technologiques) dans cinq autres provinces (Ontario, Colombie-Britannique, Alberta, Manitoba et Nouvelle-Écosse) et des lieux de ramassage dans toutes les provinces et territoires, à l’exception de la Saskatchewan.
À l’heure actuelle, il n’y a qu’un syndicat reconnu dans un entrepôt d’Amazon en Amérique du Nord, celui de Staten Island, dans la région de New York. Cependant, depuis sa création, en 2022, il n’y a toujours pas eu de négociations pour une conference collective.
Intelcom prendrait le relais
La compagnie Intelcom, dont le siège social est à Montréal, est déjà sous-traitante d’Amazon pour la livraison et le tri.
Nous avons une relation de longue date avec eux [Amazon] et nous continuerons de collaborer étroitement pour équilibrer leurs besoins de livraison au Québec
, a écrit Intelcom dans une déclaration transmise par courriel mercredi à Radio-Canada.
Intelcom, qui avait publié sur son web site Web, mardi, de nombreuses annonces d’emplois, pourrait ainsi prendre la place laissée vacante par la multinationale.
Entrevue avec Caroline Senneville, présidente de la CSN, et Jacques Nantel, professeur de advertising à HEC Montréal et spécialiste du commerce de détail
On va tout faire pour les replacer
J’ai une pensée pour les travailleurs
, a affirmé le premier ministre du Québec, François Legault, en level de presse, mercredi, ajoutant que son gouvernement disposait de programmes de formation pour les gens qui ont perdu leur emploi. On va tout faire pour les replacer
, a-t-il poursuivi.
C’est une décision d’affaires d’une compagnie privée; je ne peux pas commencer à aller gérer une compagnie privée.
M. Legault a fait ces commentaires en marge du caucus présessionnel de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui se déroule à Saint-Sauveur.
De son côté, la ministre de l’Emploi, Kateri Champagne Jourdain, a indiqué qu’une fois l’avis de licenciement collectif reçu, un processus sera mis en place, c’est-à-dire un comité d’aide au reclassement où on va venir soutenir les travailleurs qui voudraient se diriger vers un autre secteur, trouver un emploi ou obtenir de la formation
.
La ministre de l’Emploi du Québec, Kateri Champagne Jourdain, affirme que le gouvernement accompagnera les travailleurs d’Amazon qui ont appris mercredi qu’ils perdaient leur emploi.
Picture : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Questionnée pour savoir si la syndicalisation des employés de l’entrepôt de Laval a pu jouer un rôle dans la décision d’Amazon de fermer ses sept installations au Québec, la ministre Champagne Jourdain a dit que pour le second
, l’data qu’a obtenue le gouvernement dit qu’il s’agit de la réorganisation du service de livraison
d’Amazon.
Jean Boulet, le ministre du Travail, dit avoir appris mercredi la nouvelle par l’entremise des médias.
Il y a des règles dans les normes du travail qui doivent être respectées et on va s’assurer qu’elles le soient.
Le reste, vous connaissez l’historique et je ne veux pas entrer dans le détail des relations patronales-syndicales
, a-t-il dit, faisant référence à la syndicalisation des employés d’Amazon dans son entrepôt de Laval.
Du côté de Québec solidaire, Alexandre Leduc a qualifié Amazon d’entreprise voyou
qui, déjà, ne respectait pas les lois du travail ainsi que le droit de travailler en français
.
Elle rajoute à son portrait honteux cette fermeture sauvage, qui est un non-sens logistique
, s’insurge le député d’Hochelaga-Maisonneuve.
À lire et à voir aussi :
Des entreprises plus riches que les pays
Pour le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, l’annonce d’Amazon met en lumière l’enjeu de la concurrence
.
Il est difficile de concurrencer ces multinationales d’envergure planétaire qui font partie de l’économie en ligne
, affirme-t-il, citant en exemple Amazon, Meta ou encore les websites transactionnels pour réserver une chambre d’hôtel. Aucune entreprise locale et nationale ne parvient à compétitionner avec elles, déplore le chef bloquiste, et il faut réfléchir à la nécessité de créer une concurrence qui, au last, servira les consommateurs, les citoyens et, aussi, les travailleurs.
Ces multinationales de l’économie en ligne sont plus riches que plusieurs pays du monde
, fait remarquer M. Blanchet. Cela pose un risque notamment pour les travailleurs, poursuit-il, et l’État de droit, et les gouvernements élus doivent avoir la capacité d’imposer des règles sur le territoire nationwide
.
Selon le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique (NPD), Alexandre Boulerice, cela illustre de quelle façon ces compagnies-là de PDG milliardaires s’attaquent aux droits des travailleurs
.
On dirait des tactiques d’un autre âge
, a déploré le député de Rosemont–La Petite-Patrie, qui attend des gouvernements qu’ils réagissent avec vigueur pour défendre les droits des travailleurs contre ces compagnies rapaces
.
Mathieu Prost revient sur l’histoire controversée d’Amazon.
Une gifle pour les travailleurs du Québec
, dit la CSN
Par communiqué, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) s’est insurgée contre la fermeture des installations d’Amazon au Québec, une décision qui n’a aucun sens
, écrit la présidente de la CSN, Caroline Senneville.
C’est une gifle pour tous les travailleuses et les travailleurs du Québec.
Mme Senneville établit un lien de trigger à effet entre cette décision du géant de la vente en ligne et la présence, dans un entrepôt de la multinationale au Québec, d’un syndicat officiellement accrédité, le seul au Canada
.
La présidente de la CSN affirme qu’en matière d’organisation et de décision d’affaires, ces fermetures ne sont pas cohérentes pour une entreprise qui a atteint un sommet d’intégration entre le clic d’une souris et la livraison à domicile
.
Et voilà, poursuit Mme Senneville, qu’Amazon confie à une tierce partie l’ensemble de ses opérations d’entreposage et de distribution sur l’ensemble du territoire québécois? Il y a des limites à nous prendre pour des valises. C’est tout le contraire du modèle développé par Amazon.