Alimentation Couche-Tard jette son dévolu sur 7-Eleven. Le siège social de cette chaîne de dépanneurs a confirmé lundi avoir reçu une proposition de rachat de la half du groupe québécois. Une tentative d’acquisition qui se veut probablement « la plus ambitieuse de Couche-Tard jusqu’ici », selon un knowledgeable, mais qui demeure tout de même « très réaliste ».
Seven & i Holdings, une société établie au Japon, a indiqué « avoir reçu une proposition confidentielle, non contraignante et préliminaire » de la half de Couche-Tard. Cette proposition de rachat vise « à acquérir toutes les actions en circulation de la société », peut-on lire dans le communiqué.
L’entreprise a mis sur pied un comité spécial pour évaluer l’offre, dont le montant n’a pas été rendu public. « Il y a tout lieu de penser que cette offre-là est prise au sérieux », estime le professeur titulaire de stratégie à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval Yan Cimon, en entrevue au Devoir.
« Ni le conseil d’administration ni le comité spécial n’ont décidé à ce stade d’accepter ou de rejeter la proposition d’Alimentation Couche-Tard, d’entamer des discussions avec Alimentation Couche-Tard ou de poursuivre une autre transaction », est-il précisé dans le communiqué de la société japonaise.
Mais « le fait qu’il n’y ait pas eu de fin de non-recevoir d’entrée de jeu, ça montre qu’il y a au moins déjà un dialogue qui peut commencer », pense M. Cimon. Cela atteste aussi que Seven & i Holdings « prend au sérieux la démarche de Couche-Tard », poursuit le professeur.
D’après lui, l’entreprise lavalloise est sans doute, à l’échelle mondiale, l’opérateur du secteur ayant à la fois le plus « de crédibilité et d’experience pour mener à bien un rapprochement avec une entreprise de l’envergure de Seven & i Holdings ».
« Ce sont d’excellents opérateurs » qui « maîtrisent très très bien leur modèle d’affaires », mentionne Yan Cimon.
Alimentation Couche-Tard a confirmé à son tour lundi avoir « récemment soumis une proposition amicale et non contraignante » à la société japonaise. L’entreprise dit s’efforcer « de parvenir à une transaction mutuellement acceptable qui profite aux purchasers, aux employés, aux franchisés et aux actionnaires des deux sociétés », mais que « rien ne garantit à ce stade qu’une entente ou une transaction sera conclue ».
Seconde tentative
Selon le quotidien japonais Nikkei, qui a d’abord rapporté la nouvelle, Couche-Tard a déjà approché Seven & i Holdings en 2020, sans succès.
En 2021, la tentative d’acquisition du géant de la distribution alimentaire Carrefour avait elle aussi échoué, après une intervention du gouvernement français.
Si l’offre venait cette fois-ci à être acceptée, il s’agirait de la plus importante acquisition d’une entreprise japonaise par une entreprise étrangère.
Yan Cimon voit dans cette volonté d’achat « un sign stratégique vital pour montrer que Couche-Tard veut être parmi les joueurs qui comptent dans son secteur ».
En outre, l’motion de Seven & i Holdings a bondi de 22,71 % à la Bourse de Tokyo peu de temps après l’annonce.
« C’est dire à quel level il y a une opinion constructive de ce geste-là de la half de Couche-Tard », estime Yan Cimon. Cela reflète « que le marché croit probablement que Couche-Tard est succesful de créer plus de valeur avec Seven & i Holdings que Seven & i Holdings est succesful d’en créer elle-même », interprète l’knowledgeable.
L’entreprise nippone exploite près de 86 000 établissements, dont environ le quart est au Japon. Le réseau de Couche-Tard comprend quant à lui près de 17 000 magasins dans 31 pays, incluant la marque Circle Okay.
« En achetant Seven & i, [Couche-Tard] achète[rait] quand même des actifs dans une industrie qu’[elle] connaît bien, dans laquelle [elle] est déjà un chief, donc les probabilities de réussites sont plutôt bonnes », juge Yan Cimon.
À ses yeux, Couche-Tard possède une envergure d’entreprise telle « qu’elle ne peut plus simplement se contenter d’opérer sur quelques petits marchés nationaux ».
Acquisition aux États-Unis
Alimentation Couche-Tard a par ailleurs annoncé lundi avoir conclu une transaction avec la chaîne de supermarchés Big Eagle, sans en révéler le coût.
Environ 270 « commerces d’lodging et de vente de carburant » GetGo Cafe + Market s’ajouteront au réseau de l’entreprise de Laval.
GetGo compte 3500 employés et exploite ses magasins dans les États de la Pennsylvanie, de l’Ohio, de la Virginie-Occidentale, du Maryland et de l’Indiana.