De sa présence magnétique dans Plein soleil, qui l’a révélé au grand public, à ses rôles habités chez Visconti, puis Melville et Deray, retour sur dix rôles emblématiques de l’acteur français Alain Delon, décédé dimanche à l’âge de 88 ans.
Plein soleil (1960)
Plein soleil, movie noir de René Clément, a été adapté du roman de l’Américaine Patricia Highsmith Monsieur Ripley. Alain Delon, qui n’est pas encore une vedette, campe Tom Ripley, personnage machiavélique qui tue un riche fêtard (Maurice Ronet) et lui vole son identité, sur fond d’intense lumière méditerranéenne. Une nouvelle model hollywoodienne avec Matt Damon et Jude Regulation sera tournée en 1999 (Le talentueux M. Ripley).
Les acteurs français Alain Delon (à gauche) et Maurice Ronet sur le tournage du movie à suspense de René Clément « Plein Soleil ».
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Rocco et ses frères (1960)
Classique du néoréalisme italien, Rocco et ses frères est un chic mélodrame. Grâce à Luchino Visconti, fasciné par lui, Delon va conquérir ses galons de vedette. Déjà célèbre en France, le comédien se fait alors remarquer en Italie.
Le movie raconte les déboires de Rosaria et de ses quatre fils qui fuient la misère, et l’Italie du Sud, pour Milan. Rocco (Delon) et Simone (Renato Salvatori) sont amoureux d’une jeune prostituée (Annie Girardot). Inspiré de Dostoïevski, le movie obtint le Lion d’argent à la Mostra de Venise 1960.
Le guépard (1963)
Adaptée du roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, cette fresque obtient la Palme d’or en 1963 et devient un succès industrial et critique dès sa sortie.
Ce movie d’époque de Luchino Visconti se situe en 1860, à l’époque de Garibaldi. Il s’agit d’un movie sur le déclin d’une aristocratie qui peine à s’adapter aux temps nouveaux. Le movie contient une longue scène de bal, entrée dans la légende.
Le couple qu’Alain Delon forme avec Claudia Cardinale dans « Le guépard » entre dans l’histoire du cinéma.
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Alain Delon, au sommet de son élégance (moustache high quality et raie sur le côté) y est l’incarnation de la noblesse. Le couple qu’il forme avec Claudia Cardinale entre dans l’histoire du cinéma.
Le samouraï (1967)
Cette première collaboration avec Jean-Pierre Melville donne l’un des chefs-d’œuvre de la filmographie de Delon, qui incarne le tueur solitaire Jef Costello.
Fantomatique, inexpressif, obsédé par la maîtrise, avec son regard bleu froid, son imper et son chapeau : ce personnage est à la base du mythe Delon.
L’esthétique de ce polar glacial influencera nombre d’autres cinéastes, dont John Woo et Quentin Tarantino. La collaboration Delon-Melville accouchera d’un autre chef-d’œuvre, Le cercle rouge (1970, avec Bourvil), avant Un flic (1972).
La piscine (1969)
Mi-drame, mi-polar, ce movie de Jacques Deray, à l’érotisme brûlant, marque les retrouvailles entre Alain Delon et Romy Schneider, avec qui il a formé un couple mythique du cinéma français. Il n’y aura pas de retour de flamme entre eux, mais la carrière de Romy Schneider, qui bat un peu de l’aile à ce second, redécolle.
L’acteur français Alain Delon et l’actrice autrichienne Romy Schneider le 27 septembre 1968 lors du tournage du movie La piscine, une histoire d’amour et de meurtre.
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Plus de 3 thousands and thousands de spectateurs plongent dans la piscine au-dessus de Saint-Tropez, fréquentée par le couple, mais aussi par Maurice Ronet et Jane Birkin. Delon dira plus tard : Ce movie, je ne peux plus le regarder. Trop douloureux de revoir Romy et Maurice (morts respectivement en 1982 et 1983) rire aux éclats.
Le clan des Siciliens (1969)
La rencontre au sommet de trois vedettes du cinéma populaire français, Delon, Jean Gabin et Lino Ventura, dans un polar réalisé par Henri Verneuil. Une scène pleine de sous-entendus érotiques marque les mémoires : celle où Delon tue une anguille tout juste pêchée en la fracassant sur les rochers, sous le regard de l’actrice Irina Demick, qui se fait bronzer nue.
Delon avait déjà tourné avec Gabin, pour qui il avait une admiration sans bornes, dans Mélodie en sous-sol (1963, déjà réalisé par Verneuil). Il le retrouvera dans Deux hommes dans la ville (1973), de José Giovanni.
Alain Delon et le réalisateur Henri Verneuil sur la place de la Minerve, à Rome, pour le tournage du Clan des Siciliens, en 1969.
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Monsieur Klein (1976)
Il y a tellement de choses de moi dans ce movie. Mon amour des tableaux, ce rapport ambigu avec les gens, cette espèce de jeu où je suis monsieur Klein sans savoir pourquoi
, affirme l’acteur à propos du rôle initialement destiné à Jean-Paul Belmondo.
Dans le movie de Joseph Losey qu’il a produit, Delon est Robert Klein, riche marchand d’artwork qui, en 1942, rachète des œuvres détenues par des Juifs. Jusqu’à ce que la découverte d’un homonyme (juif) le précipite dans une descente aux enfers.
L’affiche avec le visage de Delon dans une étoile jaune choqua le public de l’époque. À Cannes, le movie repartit bredouille avant d’être présenté en copie restaurée en 2019, lors de la remise d’une Palme d’or d’honneur au vieux lion du cinéma.
Trois hommes à abattre (1980)
Trois hommes à abattre, réalisé par Jacques Deray et adapté du roman Le petit bleu de la côte ouest de Jean-Patrick Manchette, inaugure la série de polars musclés et populaires qu’enchaînera Delon dans les années 1980, avec plus ou moins de bonheur. Parmi eux, Pour la peau d’un flic (1981), Parole de flic (1985) ou Ne réveillez pas un flic qui dort (1988). De qualité inégale, ces movies ont toutefois permis à toute une génération de découvrir Delon, grâce à leurs multiples (re)diffusions à la télé.
Alain Delon et l’actrice italienne Dalila Di Lazzaro sur le tournage du movie « Trois hommes à abattre », France, 8 octobre 1980. (Photograph d’archives)
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Notre histoire (1984)
Delon a connu le succès dans Borsalino, Parole de flic et bien d’autres, mais le seul César du meilleur acteur qu’il a obtenu a été pour son rôle dans Notre histoire, de Bertrand Blier. Cette comédie dramatique, parfois absurde, parle de solitude et d’amour, autour de la rencontre dans un prepare, entre Robert, la quarantaine fatiguée, et une jeune femme désabusée (Nathalie Baye).
Le public n’a pas suivi, mais la critique a majoritairement aimé ce movie dans lequel Delon a pris des risques pour camper un personnage fragile, un ivrogne, bien loin du Samouraï.
Astérix aux Jeux olympiques (2008)
Mineur dans la filmographie de Delon, qui n’y tient qu’un rôle secondaire, ce long-métrage de Frédéric Forestier et Thomas Langmann vaut surtout pour le symbole. Souvent moqué pour son ego et son habitude de parler de lui à la troisième personne, l’acteur y fait preuve d’une uncommon autodérision dans le rôle de Jules César.
L’actrice italienne Vanessa Hessler, Santiago Segura, Alain Delon et Thomas Langmann posent lors d’un événement médiatique pour « Astérix aux Jeux olympiques », le 6 février 2008.
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César a tout réussi, tout conquis, c’est un guépard, un samouraï, il ne doit rien à personne, ni à Rocco, ni à ses frères, ni au clan des Siciliens. César est de la race des seigneurs, d’ailleurs le César du meilleur empereur a été décerné à César. Ave moi!
, déclame Delon, dans un clin d’œil à ses propres movies.